Ce matin, un conte est m’est apparu pour vous.

Vous savez comment je suis attentif.
Je vous transmettrai donc ce qui me semble vous être destiné, même si le sens m’échappe complètement.

Voici l’histoire :

« Un homme avait un âne (3) qui avait déjà depuis si longtemps porté docilement les sacs au moulin, que ses forces s’y étaient épuisées et maintenant lui manquaient; il devenait de plus en plus incapable de travailler. (2) Le maître alors songea à se faire l’économie du fourrage, (1) mais l’âne, sentant que le vent avait mal tourné, se sauva et partit sur la route de Brême. (3+) « Là‑bas, se disait‑il, je pourrai au moins trouver une place de musicien dans la fanfare de la ville. »

Avez-vous un rêve ?

Un peu surpris par ce conte qui appelle à se réveiller à la vie de toute urgence, je me suis demandé si ce n’était pas le vrai sens des choses qui vous manquait le plus en ce moment.

Si c’est le cas, ce conte tombe bien à propos pour vous rappeler que le vrai sens ne se communique pas à quelqu’un qui dort, mais au contraire à celui qui, au plus vif de son coeur, n’a plus que le rêve pour se dégager de sa routine, aussi saugrenu soit-il, comme y invite la suite de l’histoire :

 

(4) Il n’avait guère marché qu’un petit bout de temps, quand il trouv

a, couché sur la route, un chien de chasse qui aboyait péniblement, comme une bête épuisée par une course extrême.

Parlez-en !

- Qu’as‑tu à japper de la sorte, gros chien ? questionna l’âne.

- Hélas! dit le chien, parce que je suis vieux et chaque jour un peu plus faible, incapable d’aller à la chasse maintenant, mon maître a voulu me tuer, ce qui fait que j’ai pris la fuite; mais à présent que vais‑je faire pour avoir à manger ?

- Sais‑tu quoi ? dit l’âne, moi je vais de ce pas à Brême pour faire partie de la fanfare; viens avec moi et deviens musicien aussi. Je jouerai de la lyre et tu frapperas les cymbales.

Le chien en fut ravi et ils continuèrent leur route.

 

Peu après ils trouvèrent, assis sur la route, un chat qui faisait triste mine et longue figure, aussi longue et triste que trois jours de pluie.

‑ Eh bien, qu’est‑ce qui va de travers pour toi, vieux Rami­nagrobis ? demanda l’âne.

- On n’a guère envie de rire quand on craint pour sa peau, répondit le matou. Parce que je prends de l’âge et que mes dents sont usées, que j’aime mieux ronronner derrière le poêle que chasser les souris, ma maîtresse a voulu me noyer. C’est vrai que j’ai réussi à filer, mais à quoi bon ? et que vais‑je devenir à présent ?


‑ Viens donc avec nous jusqu’à Brême: tu t’ y connais en musique nocturne, tu pourras donc entrer dans la fanfare comme nous autres.

Le chat trouva le conseil excellent et partit avec eux.

 

Et nos trois exilés volontaires ne tardèrent pas à arriver devant une cour, sur le portail de laquelle se tenait un coq haut perché, qui chantait à gorge déployée.

‑ Tu cries à percer le tympan des gens, dit l’âne. Qu’est‑ce qu’il y a donc ?

 

 

‑ C’est le beau temps que j’annonce, dit le coq, parce que c’est le jour de Notre‑Dame, quand elle lave les couches de l’Enfant Jésus et les met à sécher; mais parce que c’est demain dimanche et que notre maÎtresse a des invités à la maison, elle a commandé à la cuisinière, impitoyablement, de me servir au souper, et l’on va me couper le cou ce soir. Je chante donc de toutes mes forces, autant que je le peux et pendant que je le puis encore.


‑ Tu ferais beaucoup mieux de venir avec nous, Crête-Rouge! Nous allons à Brême, et de toute façon, là ou ailleurs, ce sera toujours mieux que la mort. Tu as une fameuse voix, et la musique que nous saurons faire ensemble ne manquera pas de charme, on peut le dire!

Le coq accepta la proposition et les voilà partis tous les quatre ensemble.

 

Ensemble, faites-vous remarquer !


Ils ne pouvaient naturellement pas arriver à Brême le jour même, et le soir, donc, ils s’arrêtèrent dans une forêt pour y passer la nuit.

L’âne et le chien se couchèrent sous un gros arbre, le chat et le coq s’accommodèrent des branches, mais le coq s’envola jusqu’à l’extrême pointe de l’arbre pour s’y percher, parce que là, c’était le plus sûr pour lui.

Avant de s’endormir, il jeta un dernier coup d’oeil sur les environs, et, croyant apercevoir une petite lumière qui brillait au loin, il appela ses compagnons pour leur dire qu’il devait y avoir une maison là‑bas, où il voyait briller une lumière.

‑ Dans ce cas, dit l’âne, nous ferions mieux de nous lever et d’y aller, parce qu’ici, l’auberge est plutôt inconfortable!

Le chien, pour sa part, se dit qu’un os ou deux, avec un peu de viande, ce ne serait pas si mal. Sur quoi ils se remirent tous en route vers la petite lumière qui brillait tout là‑bas, et qu’ils virent grandir à mesure qu’ils en approchaient.

C’était bien une maison, en effet, devant laquelle ils arrivèrent: une maison de brigands tout illuminée.

L’âne, parce qu’il était le plus grand, s’approcha de la fenêtre pour regarder à l’intérieur.

‑ Que vois‑tu, vieux grison ? demanda le coq.


‑ Ce que je vois ? dit l’âne, une table bien servie avec tout ce qu’il faut, de bons plats et de quoi boire, et les brigands qui s’y sont mis ne se font pas prier!

‑ Cela nous irait aussi, je pense! dit le coq.

‑ Ah! dit l’âne, si seulement on pouvait s’y mettre!

Les animaux tinrent conseil, cherchant comment ils pour­raient bien s’y prendre pour chasser de là les brigands.


Allez-y de votre rêve, c’est son heure !

Et fina­lement ils trouvèrent un moyen.

L’âne devait se dresser sur les pattes de derrière et poser celles de devant sur le rebord de la fenêtre, le chien monter sur le dos de l’âne, le chat sur celui du chien et le coq, d’un coup d’aile, venir se percher sur la tête du chat.

La pyramide ainsi dressée, ils se mirent tous ensemble, comme à un signal, à faire leur musique: l’âne se mit à braire à pleins poumons, le chien à aboyer, le chat à miauler et le coq chanta par‑dessus; puis ils se ruèrent tous dans la pièce à travers la fenêtre en faisant voler les vitres en éclats clique­tants.

Les brigands sursautèrent d’épouvante à cet effroyable tintamarre, s’imaginant que c’était un fantôme qui entrait ; ils s’enfuirent et coururent se réfugier, tout tremblants, dans la forêt.

Alors les quatre compères se mirent à table, s’accommo­dant gaillardement de ce qui restait, et mangèrent comme s’ils se préparaient à jeûner pendant quatre semaines.

 

Lorsque nos quatre joueurs de musique eurent terminé, ils éteignirent la lumière et se cherchèrent chacun son coin pour dormir selon son goût et sa nature. L’âne se coucha sur le fumier, le chien derrière la porte, le chat dans l’âtre à côté des cendres chaudes, et le coq sur le perchoir qui lui offrait la charpente. Fatigués du long chemin qu’ils avaient fait, ils s’endormirent aussitôt.

 

La réalité se mettra à l’unisson de votre rêve.

Minuit était passé, et les brigands dans la forêt, virent qu’il n’y avait plus de lumière dans la maison; comme tout paraissait calme, le chef leur dit: « Quand même, nous n’aurions pas dû nous laisser épouvanter comme cela et quitter la place aussi vite! » Il commanda à l’un de ses hommes d’aller voir un peu ce qui se passait dans la maison.

 

Voyant que tout était calme, celui qui avait été envoyé en inspection entra dans la cuisine pour allumer une chandelle; s’avançant vers l’âtre, il prit les yeux étincelants du chat pour des braises et voulut en approcher une allumette. Le chat, qui ne trouvait pas la plaisanterie de son goût, lui sauta au visage toutes griffes dehors et crachant de fureur. Sursautant et effrayé, l’homme se retourna et voulut bondir vers la porte pour fuir, mais le chien, couché là, bondit aussi et lui mordit la jambe; quand le bandit fut dehors et voulut traverser la cour, il passa près du fumier et reçut une bonne ruade de l’âne, cependant que le coq, réveillé par le vacarme, lançait du haut de son perchoir un retentissant cocorico.

 

De toute la vitesse qu’il pouvait demander à ses jambes, le bandit courut vers le chef de la bande et lui dit: « Il y a dans la maison une terrible sorcière qui m’a soufflé dessus en me déchirant la figure avec ses doigts crochus ; devant la porte se tient un homme armé d’un couteau, qui m’a frappé à la jambe; au‑dehors, dans la cour, il y a un monstre noir qui m’a assené un coup de massue; et tout en haut, sur le toit, siège le juge qui a  crié :  «Amenez‑moi le malandrin»  Il a fallu que je détale pour leur échapper.»

 

Depuis ce moment‑là, les bandits ne se risquèrent plus à venir dans la maison, où les quatre musiciens de la fanfare de Brême se trouvèrent si bien qu’ils y restèrent et n’allèrent pas plus loin.

Maintenant c’est à vous. Lancez-vous avec ce conte
 

  • Quelle aventure serait encore susceptible de vous mobiliser ?
  • Quelle consolation pourrait vous faire vous relever et mettre en route tout de suite ?
  • Qu’est-ce qui pourrait  réveiller votre cœur fatigué et le sauver du désespoir ?
  • Imaginez tout ce qui serait susceptible de vous toucher et ranimer (vous ou bien quelqu’un qui serait dans une situation semblable à la vôtre, avec un questionnement tel que le vôtre).
  • Votre question d’aujourd’hui, sur quel rêve fou pourrait-elle déboucher ?
  • Laissez aller votre cœur, vous avez tout à gagner.

 

 

 

 

 

L’intuition qui vous viendra sera votre percée créatrice.

  • Prenez un livre au hasard,
  • ouvrez-le au hasard,
  • pointez votre doigt sur un mot au hasard, c’est votre réponse.

 

Voila pour quoi nous nous sommes retrouvés le 9 décembre.

Il est encore temps de nous rejoindre, même avec un commentaire.

 

A bientôt.

Jean Pascal